Dans cet article, découvrez le dessin d’un vieil homme SDF inspiré d’une photo de Lee Jeffries, célèbre photographe londonien. Un portrait vrai, plein d’émotion et d’intensité qui nous invite à porter un autre regard sur les sans-abris. Vous ne pourrez plus jamais les regarder de la même manière !
Vieil homme à la capuche, portrait d’un SDF de Los Angeles
La photo d’un vieil SDF prise à Los Angeles par Lee Jeffries
Le cliché s’intitule Skid Row 2016, comme le nom du lieu où il a été pris. Skid Row est un quartier de Los Angeles comptant la plus grande communauté de sans-domicile fixes au monde. Cette photo s’inscrit avec beaucoup d’autres dans la série « Homeless » ou « Lost Angels » du photographe. Après une rencontre insolite avec une jeune SDF londonienne, Lee Jeffries a décidé de consacrer une série de photos aux sans-abris. Avec comme tout équipement son appareil photo et un réflecteur de poche, il s’est promené dans les quartiers fréquentés par les gens de la rue pour constituer une collection impressionnante de portraits. Son objectif était de mettre les SDF sous le feu des projecteurs. En effet avec ses photos, le célèbre photographe espère attirer l’attention du public et le sensibiliser à la condition des sans-abris. Ces photos sont donc un moyen d’influencer les esprits mais elles ont aussi pour but de récolter des fonds.
Jee Jeffries expose ses photos sur de grands formats carrés. Leur traitement en noir et blanc renforce les contrastes et les portraits sont infusés d’ombres et de lumière. L’accent est mis sur le relief du visage. Chaque photo tire sa force du lien émotionnel établi avec le sujet. Lee Jeffries magnifie ses personnages et raconte leurs histoires de manière à sortir le public de son indifférence. Ses photos sont des « documents intimes et personnels » qui expriment une myriade d’émotions.
« Portraits de sans-abris », des dessins stylisés d’après la série « Homeless »
Ce dessin s’inscrit dans une série de portraits que j’ai intitulée « Portraits de sans-abris ». J’ai choisi de reprendre la série « Homeless » de Lee Jeffries car j’étais convaincue que ces photos pouvaient exprimer leurs émotions d’une autre manière. C’était une sorte de défi pour moi que d’arriver à reproduire en dessin l’intensité de ces clichés tout en conservant leur âme. Je me les suis donc réappropriés en laissant libre cours à mon interprétation. Mon but n’était pas de tomber dans le photo-réalisme, bien contraire ! Je voulais trouver un autre mode de représentation, plus stylisé mais qui exprimerait tout aussi bien la force de ces images.
En dessinant ces photos, j’ai voulu conserver le message porté par Lee Jeffries : prêter attention à la détresse des gens de la rue et ne pas oublier leur humanité.
J’ai choisi de réinterpréter les photos de deux manières différentes. J’ai dessiné ces portraits tantôt au crayon graphite sur papier blanc, tantôt en négatif c’est-à-dire au crayon de couleur blanc sur papier noir. Pour ajouter de la lumière et accentuer les contrastes, j’ai retravaillé certaines zones au stylo blanc. Le fait d’alterner ces deux techniques (noir sur blanc et blanc sur noir) instaure un contraste au niveau des rendus et crée une opposition entre les tableaux. Les sans-abris passent de l’ombre à la lumière et de la clarté à l’obscurité.
« Vieil homme à la capuche », un dessin expressif et plein d’émotion
Ce dessin représente un vieil homme sans domicile fixe. Celui-ci est vu en plongée mais il semble lever la tête vers le spectateur. Le vieillard porte un manteau tout effiloché et sa capuche est rabattue sur sa tête. Le sans-abris semble animé d’une émotion très vive. La bouche légèrement entre-ouverte, il hausse les sourcils et écarquille les yeux, dessinant de nombreuses rides sur son front. Son visage s’éclaire comme s’il avait été frappé par la grâce divine. On a l’impression qu’il nous regarde comme si sa vie en dépendait. Pourquoi cette expression médusée ? Quelle réaction attend-il de notre part ? On s’interroge. En tout cas il est impossible de rester indifférent à ce regard si intense et expressif que nous lance le vieil homme. Le cadrage en gros plan, très resserré sur le visage, décuple l’effet hypnotique produit sur le spectateur, de telle sorte qu’on ne peut détourner les yeux.
Un dessin contrasté en noir et blanc
J’ai réalisé ce dessin sur fond noir, uniquement au crayon de couleur blanc. Cette technique en négatif, qui consiste à ne colorier que les éléments en relief sans dessiner directement les traits du visage, est plus complexe. Néanmoins le rendu est plus contrasté et les zones laissées en noir (comme les orbites des yeux ou les plis de la capuche) adoptent une profondeur qui semble encore plus réelle. Plutôt que de noircir un visage blanc pour lui donner du relief, il m’a semblé plus logique de suivre le procédé inverse : donner au visage du SDF de la lumière pour le sortir de l’obscurité. Cette démarche me paraissait plus en accord avec le concept du photographe.