Ce dessin portrait d’un sans-abris a été réalisé d’après une photo de la série « Homeless » (ou « Lost Angels ») de Lee Jeffries. Le cliché a été pris à Los Angeles, capitale de la côte ouest des États-Unis.
Portrait « Homeless » : le sans-abris au blouson noir
« Lost Angels », une collection de portraits engagée pour les sans-abris
Suite à une rencontre fortuite, le célèbre photographe britannique Lee Jeffries s’est mis à photographier durant ses voyages des SDF des continents européen et américain : la série « Lost Angels », qui aujourd’hui fait sa renommée, est ainsi née. Dans ses portraits en noir et blanc exposés sur de grands formats, Lee Jeffries capte des expressions d’une force étourdissante et les transcendent en y ajoutant lumière et contrastes. Plus que de rendre leur dignité à ces oubliés de la rue, il les élève au rang d’icônes et bouleverse ainsi notre regard. Ses portraits sont majestueux, puissants et d’une grande justesse.
J’ai sélectionné parmi ces photos (toutes exceptionnelles il faut le dire !) celles qui me parlaient le plus, et j’ai choisi de les réinterpréter au moyen de différentes techniques tout en conservant bien sûr l’âme du portrait original. Le but ultime pour moi était de reproduire avec le plus de justesse possible l’émotion suscitée par chaque photo.
Sans-abris au blouson noir : le dessin d’un visage marqué par la vie
Ce portrait est celui d’un sans domicile fixe de Los Angeles. L’homme, par les rides profondes qui sillonnent son visage et par ses cheveux et sa barbe blanchis, semble âgé mais comment savoir quand le poids des années passées dans la rue dédouble les usures du temps ? Son visage est abîmé par la rudesse de ses conditions de vie et probablement aussi par l’alcool, seul remède au malheur et à la solitude. Le vieil homme est vêtu d’un épais blouson noir en cuir, carapace brute et rugueuse, à l’image de la dureté de son visage.
L’effet de plongée accentue l’intensité du regard mais son expression est difficile à cerner : il pourrait exprimer de l’abattement, une grande lassitude et le blanc de l’œil en dessous de l’iris pourrait être interprété comme le signe d’une profonde dépression, mais ce regard d’outre-tombe pourrait tout aussi bien exprimer de l’effronterie ou de la rancœur.
Un portrait contrasté où la peau prend vie
Ce portrait a été réalisé au crayon graphite. J’ai pris soin d’utiliser différents types de crayons (H, HB, 2B, 6B) pour bien graduer les contrastes. Ombres et lumière pénètrent la peau, s’infiltrent dans les sillons et les rides du visage et créent ainsi du relief : la peau devient vivante et ses marques d’usure racontent un long vécu. J’ai choisi de dessiner ce portrait sur un fond blanc pour mettre en valeur le regard et le blanc autour de l’iris. L’éclat du papier bristol blanc crée naturellement des zones de lumière dans le dessin. Néanmoins j’ai rajouté des touches de stylo blanc dans les yeux et la barbe pour créer des reflets.